Azuré des mouillères

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Groupes taxonomiques concernés :
Milieux naturels concernés :

Description

L’azuré des mouillères est une espèce assez rare, inféodée aux prairies et aux landes humides ou tourbeuses. 

Il fait partie du cortège de papillons des landes humides et des tourbières, à l’instar du fadet des laiches ou du miroir, par exemple.

Pour effectuer son cycle de vie, il dépend d’une plante, la gentiane pneumonanthe, et de fourmis du genre Myrmica. Le papillon pond sur les boutons floraux de la gentiane, soit à un moment très ciblé du cycle de vie de sa plante-hôte. Ce cycle de vie complexe et la fragilité de son milieu de vie le rendent vulnérable aux perturbations de l’environnement.

En Nouvelle-Aquitaine

Dans la région Nouvelle-Aquitaine, l’Azuré des mouillères présente une distribution sporadique, par taches.

En Normandie

En Normandie, ce papillon a connu un déclin important. Il a disparu du département de l’Eure durant la seconde moitié du XXe siècle et du département de l’Orne (Perche) au début des années 2020.

Les dernières populations subsistent dans le Cotentin, dans les landes de Lessay (Manche).

L’espèce est considérée « en danger » (EN) d’extinction en Normandie.

Découvrez ce papillon en bande dessinée :


Effets possibles du changement climatique

La phénologie du papillon est couplée à celle de sa plante-hôte. Le changement climatique modifiera-t-il  les dates de floraison de la gentiane ? Le papillon, en réponse, modifiera-t-il ses dates de ponte ? Le changement climatique aura-t-il un impact sur la survie de ce papillon ?

La vidéo suivante vous présente les hypothèses des effets du changement climatique sur l’azuré des mouillères.

Description de la vidéo

Dans les landes humides d’Aquitaine, au beau milieu des tapis de sphaignes, des redoutables droseras, et des exubérantes molinies, vit un cortège de papillons inféodés. Ici, le fadet des laîches, un des papillons les plus menacés d’Europe. Là, l’azuré des mouillères, au cycle de vie surprenant. Et voici le miroir, au vol sautillant.
Si tous ces papillons batifolent dans ce milieu si particulier, c’est qu’ils sont liés à des plantes spécifiques. Le fadet des laîches ne pond que sur les feuilles de molinie, une plante qui inonde les sols acides et humide des Landes de Gascogne.
Bien plus discrète, la gentiane pneumonanthe dévoile sa couleur chatoyante ici et là dans les sols tourbeux des landes. C’est elle que l’azuré des mouillères recherche activement. Mais il lui faut pondre sur des gentianes au stade de bouton floral. Car, lorsque la chenille sort de son œuf quelques jours plus tard, elle peut alors se nourrir des fleurs à peine écloses. La synchronisation entre l’éclosion de l’œuf et la floraison de la plante est donc primordiale.
Sandy suit attentivement tout ce joli monde avec ses collègues du Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine. Ils portent une attention particulière à la phénologie de la gentiane pneumonanthe. Leurs observations sont intrigantes. Lors des années les plus sèches, ils observent un décalage de 1 à 3 semaines de la floraison. Les azurés des mouillères vont-ils eux aussi décaler leur cycle de vie pour pondre au moment le plus opportun ?
Les papillons arriveront-ils à s’adapter au nouveau rythme imposé par leurs plantes hôtes ? De cette bonne synchronisation, dépend la survie des papillons.


Suivis scientifiques

En Nouvelle-Aquitaine

Cistude Nature et le CEN Nouvelle-Aquitaine ont mis en place un suivi couplé de la phénologie de la gentiane pneumonanthe (suivi des dates de floraison) et de la ponte des azurés par observation au sein de placettes permanentes. Un même site comprend 2 placettes, chacune étant suivie à tour de rôle tous les 2 ans.

En Normandie

En Normandie et notamment dans les landes de Lessay, un suivi de la dynamique des populations est mené depuis 1998 par le CPIE (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement) du Cotentin. Il consiste à compter, de manière la plus exhaustive possible, le nombre de hampes florales de Gentiane pneumonanthe et d’œufs d’Azuré des mouillères.

Afin de mesurer les impacts des dérèglements climatiques sur la phénologie des deux espèces et le maintien ou non de leur synchronie, le protocole défini en Nouvelle-Aquitaine a été testé en Normandie en 2023.  Ainsi, des relevés sont effectués chaque semaine entre juillet et août sur des placettes permanentes.

Parallèlement, des transects type BMS sont réalisés chaque semaine pour comptabiliser les imagos.

Découvrez ce dernier protocole en bande dessinée :