La rainette ibérique subit les effets de l’année 2022
Le traitement des données des enregistreurs sonores mis en place depuis 2022 met en évidence l’effet négatif de la sécheresse et des canicules sur la rainette ibérique, espèce des milieux frais.
En 2022, une chute importante du nombre de chants des mâles.. qui perdure.
L’analyse de l’ensemble des données de suivi depuis 2017 met en avant des évolutions significatives des effectifs de rainettes ibériques depuis 2022 : le nombre de chants entendus baisse fortement…
Description
En abscisse : les années de suivis de 2017 à 2024
En ordonnée : le nombre moyen de mâles chanteurs entendus, tous sites confondus.
Ce nombre au fur et à mesure des années est représenté par une courbe en vert, reliant le nombre moyen calculé pour chaque année.
On note une chute marquée du nombre de mâles entendus en 2022. Ce nombre remonte légèrement en 2023 puis 2024 mais sans attendre les niveaux maximum des années précédentes.
On notera aussi une chute en 2019, année sèche même si les niveaux de températures n’ont pas atteints ceux de 2022.
2022 : un impact différencié selon l’espèce de rainette considérée
Dans le triangle landais, la rainette ibérique et la rainette méridionale se côtoient. Pour autant, elles n’ont pas les mêmes exigences climatiques. La rainette méridionale est une espèce méditerranéenne. Les études précédentes ont montré qu’elle était moins sensible à la déshydratation.
Les résultats des suivis semblent monter qu’elle subit aussi les effets des sécheresses importantes, mais qu’elle semble plus résiliente. Sur le graphique suivant, le nombre de mâles chanteurs est plus important en 2023 et 2024 que pour la rainette ibérique. La rainette méridionale devient majoritaire sur la globalité des sites.
Des différences selon les sites suivis
Le contexte local, dépendant de chaque site, joue sur la résilience des espèces suite un choc climatique comme celui de 2022. Voici quelques exemples de l’évolution des effectifs de rainette ibérique et de rainette méridionale sur différents sites :
- Un site où les effectifs des deux espèces se reconstituent en 2023 et 2024 :
Description
Selon le même principe que les graphes précédents, ce graphe permet de suivre l’évolution dans le temps des effectifs des deux espèces de rainettes.
Ici, les effectifs chutent en 2022, puis se reconstituent les années suivantes; bien qu’à des niveaux inférieurs aux années pré-2022.
- Une lagune dans laquelle la rainette ibérique n’a plus été observée depuis 2022 :
Description
Les effectifs de la rainette méridionale sont fluctuants selon les années, mais la population s’est bien reconstituée après 2022. Ce n’est pas le cas de la rainette ibérique : ses effectifs sont très faibles depuis 2022 et aucun mâle chanteur n’a été entendu en 2024.
- Une lagune où seule la rainette ibérique était présente, colonisée par la rainette méridionale :
Description
Jusqu’en 2023, seule la rainette ibérique est présente sur ce site. Ses effectifs chutent en 2022 puis remontent en 2024, année pendant laquelle les première rainettes méridionales présentes sur ce site sont entendues.
Une nouvelle méthode de suivi
Après un test en 2022, la méthode de suivi par enregistreurs sonores a été déployée sur l’ensemble des sites suivis. Elle présente de nombreux avantages. Hormis les économies en déplacement et en temps de terrain, elle permet, grâce à l’augmentation des relevés, d’annuler l’effet des conditions propres au jour où l’observateur va sur le terrain (on passe de 4 relevés par site et par saison à 1 relevé journalier sur chaque site). De plus, la qualité des enregistrements permet des analyses plus approfondies.
L’enregistreur est programmé pour capter les sons selon les conditions suivantes :
- déclenchement une heure après le couché du soleil
- enregistrement de 5 min toutes les 15 min, pendant 2h30
- soit 8 enregistrements par nuit de mars à juin > 850 enregistrements par site !
Pour l’analyse, une sélection aléatoire d’un enregistrement tous les 2 jours sera lue et interprétée. Voici la retranscription visuelle d’un enregistrement (ou sonagramme) sur laquelle se distinguent les chants des deux rainettes :
Description du sonagramme
Le sonagramme correspond à la partie inférieure de l’image avec en ordonnée, la fréquence des sons (en Hertz), et en abscisse, le temps (en seconde).
On distingue nettement les deux chants selon leur fréquence et leur organisation dans le temps. Le chant de la rainette ibérique (matérialisé sur le graphique par le terme « Call Rainette ibérique ») correspond à des sons s’enchainant rapidement. Le chant de la rainette méridionale (« Call Rainette méridionale » sur le graphique) correspond à des sons plus espacés dans le temps. Les fréquences sont identiques.