Nos premières préconisations aux Assises nationales de la biodiversité
Cette année, les Assises nationales de la biodiversité se tenaient à la Rochelle les mercredi 17 et jeudi 18 septembre. Avec pour fil rouge « La nature, clé de voûte de l’humanité », les journées ont réuni collectivités, gestionnaires, chercheurs et naturalistes. Sollicités pour intervenir sur l’axe de la résilience de la nature, les Sentinelles du climat de Nouvelle-Aquitaine ont apporté leur expertise sur l’Adaptation des méthodes de gestion face au changement climatique pour imaginer de nouvelles approches en faveur de la conservation de la biodiversité. Michaël Guillon, coordinateur du programme de Cistude Nature, et Kevin Romeyer, référent Flore/habitat du Conservatoire botanique national sud-atlantique, se sont relayés pour rappeler les objectifs du programme mais surtout exposer les avancées dans ce domaine.
Ainsi, les travaux conduits sur la flore sont sur le point de déboucher sur une liste d’alerte des espèces directement menacées par le changement climatique pour lesquelles des mesures de conservation et de gestion adaptée seraient nécessaires. Les chiffres sont alarmants : dans l’hypothèse d’une poursuite des émissions de gaz à effet de serre au niveau actuel (RCP 8.5), près de 500 plantes rares à assez communes pourraient perdre au moins 30% d’aire favorable. Les espèces les plus concernées ? Celles typiques de climat tempéré océanique ou montagnardes comme la myrtille ou le hêtre mais aussi bon nombre d’espèces de zones humides telles que le Faux-Cresson de Thore ou le Trèfle d’eau.
En parallèle, avec 8 années de recul sur les suivis faune/flore, le programme est maintenant à même de donner des premières préconisations aux gestionnaires, notamment en identifiant 3 leviers :
- L’importance des microclimats : la structuration de la végétation, en interaction avec la topographie et les propriétés du sol (dont l’humidité), peut moduler localement les conditions climatiques générales et créer une diversification des microhabitats où vivent les organismes.
- La thermo-hydrorégulation : les besoins hydriques des organismes peuvent s’avérer plus critiques que les besoins thermiques dans des situations extrêmes comme la sécheresse. Qu’il s’agisse d’espèces de zones humides ou de milieux secs, il s’avère donc essentiel de considérer les conditions d’humidité des sites sans s’arrêter aux seuls aspects thermiques.
- Les capacités d’atténuation physiologique et comportementale des organismes : acclimatation, postures, sélection de microclimats, stratégie d’évitement des conditions défavorables… les organismes sont capables d’ajustements grâce auxquels ils se maintiennent dans des conditions dégradées. Ainsi, pour se protéger de la déshydratation, une vipère est capable de sélectionner des refuges plus humides en cas de sécheresse. Dans ces conditions, certaines plantes limitent leur développement en attendant des conditions propices. La pleine expression de ces réponses écophysiologiques est tributaire d’une forte diversité de conditions microclimatiques accessibles.
Tant sur la flore ou que sur la faune, les sentinelles du climat apportent, en complément de la démarche Natur’Adapt mis en œuvre par RNF et évoquées par les autres intervenants, un éclairage des problématiques d’adaptation des gestions des milieux naturels. La table ronde aura mis l’accent d’une part sur la compréhension des liens et interconnexions entre les enjeux de biodiversité et de changement climatique et d’autre part sur un panel d’outils permettant d’avancer sur les 2 fronts. La priorité absolue reste l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Pour autant, tous en conviennent : l’urgence est aussi à l’action au niveau local dans le respect d’un cadre et de financements globaux.