Préserver les hêtraies de plaine face au changement climatique

Protéger ces vieilles forêts, c’est participer à accroître leur résistance au changement climatique. Ceci passe par une gestion douce au sein de ces forêts mais aussi des boisements alentour.

Le hêtre et son cortège floristique associé sont relictuels en plaine. Ils occupent les espaces les plus frais, comme les versants encaissés, orientés au nord. Une bonne humidité atmosphérique ou dans le sol est indispensable au hêtre.
Le changement climatique entraine une dégradation des conditions climatiques qui lui sont nécessaires. Pour autant, les effets visibles de cette détérioration pourraient être décalés dans le temps (dette climatique).

  • Participer à la résistance des forêts de hêtres passe par le maintien ou la recréation de continuités écologiques forestières. Les forêts régulent le climat local, en jouant le rôle de tampon, tant pour la température que pour l’humidité de l’air ou la force des vents. Un contexte forestier favorise ainsi un contexte microclimatique favorable aux hêtraies.
  • Accroitre la résistance des hêtraies, mais aussi de toutes les forêts, passe aussi par une gestion forestière douce, intégrant la nécessité de diversifier les classes d’âge au sein des boisements et d’éviter à tout prix les coupes rases.

Dans la vidéo suivante, Kévin Romeyer et Anna Hover, du CBNSA, vous parlent de ces vieilles forêts de hêtres et des moyens de les préserver.

Description de la vidéo

Intervention de Kévin Romeyer qui décrit les arbres, puis les espèces du sous-bois : « Ici on a le hêtre. Le rosier des champs est là. Là, Hedera helix. Puis, la garance voyageuse. Ça, c’est la céphalanthère rouge. Là, on a une petite pousse de tilleul. Voici le brachypode des rochers. J’ai dénombré presque quarante espèces, là. On est dans un boisement de pente qui fait presque 40 degrés. C’est vraiment assez incliné. On va avoir une végétation avec du hêtre qui va être très différente des versants d’en face, où on va retrouver de la chênaie verte. Simplement parce que là-bas ça prend le soleil quasiment toute la journée. Il y a vraiment ce qu’on appelle des effets de versants. Ce qu’on ne peut pas voir pour l’instant, sur une échelle de temps très petite de 5 à 10 ans, on va essayer de le modéliser sur  des temps un petit peu plus long avec les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre du GIEC. En 2100, on s’attend à ce que le hêtre disparaisse ici. »

Intervention de Anna Hover : « Si le hêtre vient à dépérir, mais que la forêt est riche en diverses essences, ça offre des possibilités d’adaptation qu’il n’y a pas dans des peuplements beaucoup plus homogènes. C’est pareil pour l’âge. Si tous les arbres ont le même âge et le même diamètre et qu’ils sont au même niveau, ils vont dépérir tous ensemble. Tandis que si on a plusieurs diamètres, plusieurs essences, plusieurs étages (c’est pas forcément pratique pour la filière bois, je le reconnais complètement), ça permet une vraie résilience ou résistance de l’écosystème selon les contextes. Les vieilles forêts sont probablement des sites très intéressants
pour la lutte contre le changement climatique. Si on veut une vieille forêt, il faut qu’elle soit ancienne, qu’il y ait ce sol forestier de qualité, qui n’a jamais été défriché, ni amendé, qui a subi très peu d’érosion et en plus un peuplement mature dessus, avec des très gros arbres, avec du gros bois mort, debout, au sol, dans le houppier, de grosses branches cassées, tout ce qui sert de cachettes aux oiseaux, aux chauves-souris, aux insectes. C’est important de penser ces petits trésors, qui sont relictuels, dans une globalité paysagère. Parce qu’il ne suffit pas de conserver ce petit patch. Si on veut conserver ce petit patch en l’état, il faut conserver un peu plus large autour. Sinon, il ne tiendra pas. »