Les zones humides englobent une diversité d’habitats extrêmement variés, mais tous ont une grande importance pour la biodiversité, pour la qualité de l’eau et pour la régulation des phénomènes extrêmes. L’eau est le facteur déterminant du fonctionnement de ces milieux naturels.
Ces milieux ont pourtant subi très fortement l’action de l’Homme. Depuis 1950, 50 % de leur superficie a déjà disparu. Et ils sont encore menacés par l’urbanisation, l’intensification agricole, la pollution, et… le changement climatique qui peut modifier les précipitations, le débit des cours d’eau, et amplifier les autres menaces.
Au sein de ces habitats, les lagunes du triangle landais, les tourbières et les landes humides, ainsi que les grands étangs arrière-littoraux d’Aquitaine seront étudiés. Ils présentent des caractéristiques les rendant particulièrement sensibles aux modifications du climat.
Comme les lagunes – que vous avez découvertes dans la vidéo – l’eau est le facteur déterminant du fonctionnement des landes humides, des tourbières ou des étangs arrière-dunaires.
Par ailleurs, les tourbières trouvent leur optimum écologique dans les régions froides. Le froid, associé à l’anaérobie provoquée par la lame d’eau, empêche la décomposition de la matière organique, et permet le développement d’une flore strictement inféodée à ce type de milieu, dont des plantes carnivores comme la grassette du Portugal et la rosalie à feuilles rondes.
Les landes humides, présentes dans les zones où la nappe affleure et assure l’alimentation en eau, ne sont pas rares en Nouvelle Aquitaine mais occupent rarement de grandes surfaces. Elles sont généralement dominées par des bruyères (bruyère ciliée et bruyère à 4 angles), l’ajonc nain et la molinie bleue. Plusieurs espèces rares et patrimoniales se trouvent dans ces milieux telles que la gentiane pneumonanthe et la narthécie des marais.
Les étangs du Massif landais accueillent aussi une flore aquatique typique, dont des espèces patrimoniales comme la grande et la petite utriculaires – elles aussi carnivores ! -, le faux cresson de Thore ou encore la lobélie de Dortmann.
Les effets des modifications climatiques, en particulier sur l’alimentation en eau des zones humides, pourront impacter la composition floristique des cortèges suivis. Quelle sera l’évolution des cortèges floristiques de ces zones humides ?
Le CBN Sud-Atlantique encadrera les suivis floristiques pour chacun des milieux. En landes humides, les suivis seront réalisés au sein de placettes permanentes* dans différents secteurs de la région, afin de suivre la composition et la structure des communautés végétales de façon fine au fil du temps.
Sur les étangs arrière-littoraux et les lagunes, les végétations seront suivies au moyen de transects* partant des eaux libres jusqu’à la lisière forestière. Cela permettra de suivre en plus l’agencement et la proportion des communautés végétales dans le temps.
Ludivine de Sauvage Garage a suivi Kévin lors d’un relevé de végétation le long d’un transect mis en place sur le lac d’Hourtin : découvrez en images la mise en place de ce protocole et les espèces phares de ce milieu bien particulier.
Trois espèces de rainettes sont présentes en Nouvelle Aquitaine : la rainette ibérique, la rainette verte et la rainette méridionale. Elles n’ont pas les mêmes répartitions géographiques sur le territoire et ne se comportent pas de la même manière face aux évolutions du climat et de paysage… Quelles sont les conséquences possibles du changement climatique sur la répartition future de ces 3 rainettes ? Regardez la vidéo pour tout comprendre.
Cistude Nature et le GMHL travaillent sur quatre types de sites différents :
– ceux où seule la rainette verte est présente,
– ceux où seule la rainette ibérique est présente,
– les zones où sont présentes ensemble rainette ibérique et rainette méridionale dans le massif landais, à l’ouest de la région,
– les zones où se côtoient rainette verte et rainette méridionale à la limite des départements de la Dordogne et du Limousin .
Les espèces présentes et leurs abondances vont-elles évoluer au fil du temps ? Pour savoir cela, on compte le nombre de mâles chanteurs (en écoutant leurs chants) sur chacun des sites d’étude. On a alors une idée de l’abondance d’individus de chaque espèce. On peut suivre ce paramètre à travers le temps selon le protocole national POP Amphibiens.
L’azuré des moullières fait partie du cortège des papillons des landes humides et tourbières, composé d’espèces spécialisées sur ce type de milieux, inféodées notamment à la présence de molinie bleue. C’est le cas du fadet des laîches et du miroir.
Découvrez-les en vidéo :
L’azuré des mouillères est une espèce assez rare, inféodée aux prairies et aux landes humides ou tourbeuses. Dans la région, il présente une distribution sporadique, par taches.
Son cycle de vie est très complexe puisqu’il nécessite une plante – la gentiane pneumonanthe – et des fourmis du genre Myrmica. Anne-Perrine de Sauvage Garage vous l’explique en image.
Ce cycle de vie particulier et la fragilité de son milieu de vie le rendent vulnérable aux perturbations de l’environnement.
La phénologie du papillon est couplé à celle de sa plante-hôte. Le changement climatique modifiera-t-il les dates de floraison de la gentiane ? Le papillon, en réponse, modifiera-t-il ses dates de ponte ? Le changement climatique aura-t-il un impact sur la survie de ce papillon ?
En 2016 et 2017, deux méthodes de suivi ont été testées : le quadrat et le transect. Petite explication en BD par Anne-Perrine, de Sauvage Garage, avec Cistude Nature et le CEN Aquitaine.
Le lézard vivipare est un lézard des milieux froids et frais. Il vit dans des milieux plus humides que les autres lézards « gris » (lézards de montagne et lézard des murailles).
En Nouvelle-Aquitaine, deux sous-espèces sont présentes : Zootoca vivipara vivipara qui donne naissance à de petits lézards et Zootoca vivipara louislantzi qui pond des œufs.
Découvrez-les en vidéo :
La hausse des températures et les modifications des conditions hydriques liées au changement climatique pourraient être défavorables au lézard vivipare dans les plaines du sud de la Nouvelle-Aquitaine. Quelle sera l’évolution des populations de lézard vivipare ?
Cistude Nature met en place des suivis de la répartition et l’abondance du lézard vivipare. Le protocole utilisé est un protocole national, nommé POP Reptiles. Plusieurs transects* feront l’objet de comptages tout au long du programme. La vidéo suivante vous présente les études mises en place sur les populations de lézards vivipares du triangle landais et les acteurs qui les mettent en œuvre. La vidéo suivante vous présente les études mises en place sur les populations de lézards vivipares du triangle landais et les acteurs qui les mettent en œuvre.
En parallèle, une collaboration avec le CNRS de Chizé a été mise en place. Elle permettra d’approfondir les connaissances sur les préférences thermiques et hydriques de ce lézard, grâce à des études en laboratoire sur des individus vivipares (Limousin) et sur des individus ovipares (Landes de Gascogne).
Découvrez en vidéo le travail réalisé par les chercheurs en laboratoire :
Le cortège des libellules des lagunes est assez singulier. Ces milieux stagnants ont une origine post-glaciaire. Ils sont pauvres en nutriments et ont des variations de niveaux d’eau importantes. On y trouve des libellules principalement présentes en Europe de l’est et du nord : la leucorrhine à front blanc, la leucorrhine à gros thorax et la leucorrhine à large queue. En limite sud-ouest de répartition, elles sont sûrement des reliques de la dernière glaciation. Découvrez-les dans cette vidéo.
La hausse des températures et les modifications des conditions hydriques liées au changement climatique pourraient être défavorables au maintien des leucorrhines dans les lagunes landaises. Comment évoluera le cortège des odonates des lagunes en fonction des évolutions climatiques ?
Le CEN Aquitaine met en place des suivis de la répartition et l’abondance du cortège des libellules des lagunes. Le protocole utilisé est un protocole national, nommé STELI (Suivi Temporel des Libellules de France). Plusieurs transects*, répartis dans l’ensemble de la région, feront l’objet de passages pluriannuels tout au long du programme.
Ce suivi sera mis en lien avec celui de la flore afin d’appréhender l’effet de l’évolution des cortèges floristiques.
Vipère péliade © M. Berroneau
Vipère péliade © M. Berroneau
Vipère péliade © M. Berroneau
Voici une nouvelle sentinelle des zones humides : la vipère péliade.
La vipère péliade est une espèce adaptée aux milieux frais, au point qu’elle présente jusqu’en Scandinavie au nord, et au Japon à l’est. En France, on la trouve dans le Nord, dans les Vosges, le Jura et en Auvergne, plutôt en altitude, là où il fait frais.
La vipère aspic occupe le reste du territoire, et descend plus au sud dans le nord de l’Espagne et en Italie. En Auvergne, elle est présente dans les secteurs les plus bas et les plus chauds.
Il y a peu de secteurs où ces deux vipères sont présentes au même endroit… car elles n’ont pas mes mêmes besoins écologiques ! A priori, il y aurait une spécialisation climatique des deux vipères, liées à leur gestion des pertes hydriques (l’eau que le corps perd), de la thermorégulation et aux seuils d’insolation à partir desquels les deux espèces gèrent leurs activités et leur métabolisme. La vipère péliade est plus adaptée aux milieux frais, la vipère aspic aux milieux plus secs et plus chauds, ce qui explique leurs distributions respectives.
La vipère péliade sera-elle encore présente dans le Massif central ? La vipère aspic va-t-elle coloniser de nouveaux milieux plus en altitude ?
Ludivine de Sauvage Garage vous présente le suivi de la vipère péliade en Limousin par le GMHL.
Quel que soit le type de milieux humides, le changement climatique modifie drastiquement ces écosystèmes dépendants de l’eau. La variabilité des précipitations, l’augmentation des périodes de sécheresse et de canicule auraient un effet radical sur la possibilité de maintien des espèces inféodées aux milieux humides. Déjà des modifications dans les cortèges floristiques s’observent.
Ces phénomènes climatiques se surajoutent à d’autres pressions anthropiques qui impactent ces milieux patrimoniaux, qu’il s’agisse du drainage, de l’intensivité de la production agricole ou sylvicole, du lessivage des intrants agricoles ou de la destruction des milieux naturels (infrastructures routières, énergétiques, etc.).
Or, la région Nouvelle-Aquitaine a la responsabilité de préserver un habitat unique au monde, qui accueille en contexte chaud des espèces boréo-montagnardes : les lagunes de la forêt des Landes de Gascogne et leurs habitats associés. Permettre à ces milieux de résister et atténuer les effets du changement climatique passent par une analyse de l’impact des usages à leurs alentours (drainage, surexploitation forestière).
Pour ces milieux, comme pour tous les autres milieux humides étudiés, les espèces sentinelles bénéficieraient d’une augmentation des surfaces non exploitées. Ceci permettrait la mise en place d’habitats hétérogènes, offrant à la flore et à la faune une plus grande diversité de microhabitats, essentielle pour que les comportements de thermorégulation et d’hydrorégulation puissent s’exprimer.