En montagne, les conditions climatiques changent très rapidement en fonction de l’altitude et de l’exposition. En réponse, le type de végétation présent, du pied au sommet des montagnes, varie selon la capacité des plantes à résister à des conditions de plus en plus rudes (durée et épaisseur d’enneigement, vents, sécheresse des sols, température…).
Au dessus des plaines, où le chêne pédonculé domine, poussent le hêtre et le sapin pectiné. Les vallées et les versants déboisés sont utilisés pour le pâturage et présentent une végétation herbacée comparable aux estives. Actuellement, dans les zones boisées, avec le réchauffement des températures, le hêtre remonte au détriment du sapin pectiné.
L’étage supérieur est occupé par des landes à rhododendrons ou à genévriers. Le pin à crochet est capable de pousser dans ces milieux rocailleux où les grands arbres ne trouvent plus les conditions nécessaires à leur développement.
Les estives sont dominées par les graminées. Elles ont une importance économique non négligeable puisqu’elles sont le lieu de pâture estivale de nombreux troupeaux de brebis ou de bovins. A cet étage, on trouve aussi une flore de rocaille, dans les fissures et sur les éboulis, très présents dans les Pyrénées.
A partir d’une certaine altitude, plus aucune plante ne peut pousser. Restent les lichens et les mousses…
Dans la partie centrale des montagnes pyrénéennes, on peut rencontrer 3 espèces de lézards « gris » endémiques de la chaîne pyrénéenne : le lézard de Bonnal, le lézard du Val d’Aran et le lézard d’Aurélio.
Le lézard catalan et le lézard des murailles fréquentent aussi le massif pyrénéen.
Le lézard de Bonnal se rencontre entre 1550 m et 3350 m dans les affleurements et les éboulis rocheux.
A des altitudes plus basses (en dessous de 1000 m), on peut rencontrer le lézard catalan.
Sa répartition géographique est plus large que celle du lézard de Bonnal. Il aime la chaleur et est présent dans les zones d’affleurements rocheux de la péninsule ibérique et du sud de la France).
Il est aussi possible de rencontrer le lézard des murailles. S’il n’est pas présent au dessus de 2000 m et ne côtoie pas le lézard de Bonnal pour le moment, ce n’est pas le cas du lézard catalan : ils peuvent être présents dans les mêmes secteurs. Le lézard catalan sera alors visible dans les zones plus végétalisées et moins exposées, quand le lézard des murailles préférera le substrat rocheux.
La hausse des températures entraîne des modifications des habitats naturels en haute montagne et la remontée des espèces compétitrices comme le lézard des murailles. Le lézard de Bonnal est-il amené à disparaître ?
Le lézard catalan va-t-il lui aussi remonter en altitude ?
Par ailleurs, la hausse des températures de l’air modifie la physiologie et le comportement des lézards. Dans ces conditions, quelle est le risque pour la survie de ces lézards ?
Sarah, de Sauvage Garage, a suivi Matthieu Berroneau, Claire et Justine Pujol de Cistude Nature dans les Pyrénées le long des transects* de suivi des lézards de montagne. Partez avec eux et découvrez en BD le protocole de suivi de ces reptiles.
En parallèle, l’Université de Pau & Pays de l’Adour travaille à l’évaluation de l’optimum thermique des mêmes lézards pour leur reproduction, à l’aide de modèles physiques : un tube PVC muni d’une sonde thermique imite le lézard et enregistre sa température interne en fonction de la température externe. Ces données (et celles de l’abondance) sont intégrées dans les logiciels statistiques prédictifs permettant d’évaluer le risque d’extinction des espèces.
La vidéo suivante vous présente ce protocole original :
Retrouvez les premiers résultats de suivis du lézard de Bonnal en Nouvelle-Aquitaine !
La marmotte vit exclusivement en montagne entre 1500 m et 2400 m. On la rencontre sur des zones pentues, plutôt exposées au sud, riches en végétation et avec des abris.
Dans les Alpes, une étude sur 20 ans a montré que la diminution de la couche de neige et la fonte neigeuse plus précoce impactent la reproduction des marmottes. Les scientifiques ont observé une diminution de la taille des portées. Les femelles dépensent plus de réserves au cours de l’hibernation, car l’isolation des abris par la neige est moindre. Ceci a des conséquences sur le nombre de marmottons qu’elles mettent bas.
La diminution de l’épaisseur de la couche neigeuse et le raccourcissement de la saison d’hibernation impactent-ils aussi la reproduction des marmottes dans les Pyrénées?
Julien de Sauvage Garage a suivi les naturalistes de Cistude Nature. Il a participé au comptage des jeunes à la sortie d’hibernation sur deux des 15 sites suivis.
Sur chaque site, une famille de marmottes est suivie. Il s’agit de dénombrer année après année le nombre de marmottons de cette famille.
Vous pouvez découvrir le reportage dessiné qui rend compte du protocole de suivi mis en place afin d’estimer l’évolution du succès reproductif de la marmotte dans les Pyrénées.
Les résultats du suivi des marmottes en Nouvelle-Aquitaine sont présentés dans la page des résultats. Il sera arrêté en 2023.
En Occitanie, le suivi des marmottes a été testé en 2022 et sera poursuivi avec de nouvelles familles suivies.
L’apollon fréquente exclusivement les zones de montagnes. Il est présent sur les pelouses sèches rocailleuses ensoleillées entre 400 m et 2700 m.
Pour ce papillon, le froid hivernal et la couche neigeuse protectrice semblent indispensables au développement larvaire. Ses plantes hôtes (dont se nourrissent les chenilles) sont les orpins et les joubarbes (comme sur la photo).
Dans le Massif Central et les Alpes, des études ont montré que l’Apollon avait déjà disparu ou régressé, sûrement en raison du réchauffement du climat.
Les pelouses qu’il fréquente sont aussi utilisées par des espèces strictement montagnardes comme les moirés ou le cuivré de la verge d’or, mais aussi par des espèces plus généralistes.
La hausse des températures et les modifications des conditions climatiques hivernales pourraient avoir des conséquences sur la survie des chenilles d’apollon. Y a-t-il un risque de disparition ou de modification de la répartition de l’apollon dans les Pyrénées ?
Cistude Nature met en place des suivis de la répartition et l’abondance de l’espèce et du cortège de papillons associé. Le protocole utilisé est un protocole national, nommé STERF (Suivi Temporel des Rhopalocères de France). Découvre avec Guillaume de Sauvage Garage et Matthieu le protocole de suivi de l’apollon et des papillons en montagne.
Les résultats des suivis de l’apollon sont consultables sur la page dédiée.
Les bourdons sont des pollinisateurs indispensables. Ce sont des hyménoptères sociaux, comme l’abeille domestique. Leurs colonies sont beaucoup plus petites et ne durent qu’un an. La reine fonde sa colonie en édifiant le nid. Elle l’approvisionne elle-même, avant l’émergence des premières ouvrières.
Ces insectes sont des reliques de l’ère glaciaire : ce sont des espèces plutôt adaptées aux climats frais. Certains, comme les bourdons de plaine, acceptent des conditions thermiques plus chaudes, mais d’autres sont strictement alpins, boréals ou montagnards. Certaines espèces sont très spécialisées – notamment les espèces de montagne – et d’autres plus généralistes – espèces de plaine.
L’augmentation des températures et la modification des habitats naturels (plantes mellifères notamment) risquent d’entraîner une remontée des espèces de plaine. Ces espèces, plus généralistes, pourraient rentrer en compétition avec les espèces montagnardes. Quelle va être l’évolution des cortèges de bourdons en montagne ? Certaines espèces vont-elles disparaître ?
Julien de Sauvage Garage vous fait découvrir en BD le protocole de suivi des bourdons de montagne… en conditions réelles. Un état des lieux des communautés de bourdons montagnards a été réalisé pendant deux ans (2017-2018), après une année de mise en place du protocole (2016). Il vous sera bientôt présenté. Patience !
Les suivis du cortège de bourdons ont été arrêtés en 2018 en raison de la lourdeur du protocole, difficilement reproductible.