Voici les premiers résultats issus des suivis des espèces sentinelles entre 2016 et 2021.
Remarque : certaines données sont encore en cours de traitement. C’est le cas notamment pour les dunes atlantiques.
Le CBNSA évalue la sensibilité de la flore au changement climatique en étudiant les modifications d’aire de répartition spatiale des espèces végétales vis-à-vis des évolutions futures du climat. Selon les cas, certaines plantes pourraient ainsi persister ou disparaître sur des territoires où elles sont déjà présentes, migrer vers des zones devenues plus propices à leur développement, ou bien encore disparaitre localement. Leurs populations seront alors considérées comme en expansion, en stagnation ou en régression, à l’échelle d’un territoire donné, ce qui permet ainsi d’évaluer leur vulnérabilité aux changements climatiques.
Des SDM (« Species Distribution Models » ou modèles de répartition spatiale des espèces) sont produits. Ils permettent, à partir de données environnementales et climatiques pertinentes qui sont confrontées aux données de présences attestées de chaque espèce sur le terrain, de comprendre les relations qu’entretiennent les plantes avec leur milieu et qui déterminent en grande partie leurs aires de répartition actuelles à l’échelle de la région. Ils permettent ensuite, dans un second temps, d’intégrer les données des projections climatiques proposées par le GIEC pour différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et pour des horizons de temps plus ou moins éloignés. On peut ainsi faire des projections concernant les aires de répartition futures des espèces, relatives à chacune des combinaisons scénario/horizon, et en déduire une dynamique des populations.
De la même manière que pour les espèces prises de façon individuelle, des cortèges d’espèces caractéristiques de certains milieux, appelés syntaxons, ont fait l’objet d’une modélisation par le CBNSA pour tenter de prédire des tendances d’évolution. C’est notamment le cas des forêts de plaine à hêtre qui sont susceptibles d’être fortement impactées par les changements climatiques futurs.
Comme toute projection, celles proposées pour les plantes et cortèges de plantes présentent des limites qu’il est important de garder en tête avant d’observer les cartes d’évolution de répartition spatiale :
En gardant en tête ces limites, voici le résultat obtenu pour l’évolution de l’aire de répartition du hêtre en Nouvelle-Aquitaine, en se basant sur le scénario RCP4.5 établi par le GIEC qui correspondrait à une stabilisation des émissions de GES d’ici 2050.
Que nous apprennent ces cartes ?
A moyen terme, le hêtre régresserait en plaine aux franges de son aire de présence actuelle. Il progresserait en revanche en altitude, dans les hautes vallées pyrénéennes. A l’horizon 2100, les conditions climatiques favorables au développement du hêtre disparaîtraient de tous les secteurs de plaines et de collines en dessous de 500 m d’altitude, ce qui ne veut pas dire qu’il en serait pour autant totalement absent car localement les conditions micro-climatiques d’une échelle inférieure à celles de cette étude pourraient permettre sporadiquement le maintien de vieux individus. En revanche, la régénération ne sera pas ou peu assurée.
Le hêtre est une essence forestière structurante d’un type de forêts d’ambiance fraîche. Sa régression serait donc probablement accompagnée de celle de nombreuses espèces de ses sous-bois comme la myrtille (Vaccinium myrtillus), l’aspérule odorante (Galium odoratum), la luzule des bois (Luzula sylvatica) ou encore la jacinthe (Hyacinthoides non-scripta). D’ailleurs, les résultats de la modélisation pour ces espèces vont effectivement dans ce sens…
Des cartes de ce type ont également été produites pour les différents types de végétations forestières à Hêtre ; ceux-ci étant définis par des associations d’espèces liées aux diverses conditions de sol (acidité principalement) et de climat rencontrées dans la région. Il a aussi été mené pour un type de forêts plus tolérantes à l’aridité, les chênaies-charmaies thermophiles. Dans le cas de ces forêts, l’aridité peut résulter de précipitations faibles ou modérées, de températures élevées, ou bien d’une combinaison de ces deux facteurs.
Les résultats montrent que les chênaies-charmaies thermophiles tendraient à « remplacer » les hêtraies. Toutefois, à l’horizon 2100, elles pourraient, elles-aussi, avoir du mal à se maintenir au sud et à l’ouest de la région et pourraient à leur tour être remplacées par un type forestier plus tolérant à l’aridité.
Vers la conservation des forêts à hêtres
Nous vous présentons en vidéo les modalités de préservation de ces forêts relictuelles :
Le hêtre et son cortège floristique associé sont relictuels en plaine. Ils occupent les espaces les plus frais comme les versants encaissés, orientés au nord. Une bonne humidité atmosphérique ou dans le sol est indispensable au hêtre.
Le changement climatique entraine une dégradation des conditions climatiques qui lui sont nécessaires. Pour autant, les effets visibles de cette détérioration pourraient être décalés dans le temps (dette climatique).
Participer à la résistance des forêts de hêtre passe par le maintien ou la recréation de continuités écologiques forestières. Les forêts régulent le climat local, en jouant le rôle de tampon, tant pour la température que pour l’humidité de l’air ou la force des vents. Un contexte forestier favorise ainsi un contexte microclimatique favorable aux hêtraies.
Ces corridors écologiques permettent aussi de faciliter la dispersion des espèces forestières.
Accroitre la résistance des hêtraies, mais aussi de toutes des forêts, passe aussi par une gestion forestière douce, intégrant la nécessité de diversifier les classes d’âge au sein des boisements et d’éviter à tout pris les coupes rases.
Les suivis réalisés sur les tourbières mettent évidence les résultats suivants.
Les cortèges d’espèces sont relativement stables mais le développement des ligneux (fermeture du milieu) est à signaler. Entre les deux relectures, la proportion d’arbres et d’arbustes est plus importante, mais ils sont au stade de plantules. La capacité des individus à se maintenir et à croître formera un indicateur plus fiable de fermeture réelle.
La proportion d’espèce pionnières des tourbières est aussi en diminution. Ceci peut aussi être le signe d’une fermeture du milieu lié à l’abandon de pratiques comme le pâturage.
Le changement climatique ayant des effets sur les précipitations et le bilan hydrique, l’alimentation en eau des tourbières pourrait devenir insuffisante et conduire à un assèchement progressif. Ceci pourrait favoriser la croissance des arbres et des arbustes, freinée pour le moment par l’engorgement de ce type de milieu.
La modélisation de l’évolution des conditions climatiques favorables aux espèces de tourbières selon les projections du GIEC tend vers une réduction des aires favorables au maintien des tourbières et des espèces typiques de ce milieu.
Sont en cause la hausse des températures, associée à des précipitations plus aléatoires : le stress hydrique augmenterait. Les espèces les plus dépendantes de l’eau pourraient ne pas se maintenir, tandis que des espèces plus ubiquistes quant aux conditions hydriques du milieu pourraient être favorisées : le faciès de ces secteurs pourrait changer.
Ces premières tendances n’incluent pas des phénomènes connexes à l’augmentation de la température et à l’assèchement, comme l’enrichissement du sol en nutriments et la moindre capacité de rétention de l’eau. Ces processus contribueront à la transition de végétations.
Le suivis des dispositifs de lecture de la végétation des lagunes et des berges des étangs arrière-dunaires mettent en évidence les tendances suivantes :
Les espèces et les végétations typiques de ces milieux patrimoniaux régressent depuis une trentaine d’années en raison des pressions humaines exercées sur ces milieux. Le changement climatique s’y surajoute.
La modélisation prédictive met en évidence une régression des conditions climatiques favorables à la flore typique de ces milieux. Les facteurs climatiques les plus explicatifs qui se dégagent de ces modélisations sont la durée plus longue des sécheresses, la baisse de l’humidité relative et la hausse des températures.
Ces évolutions climatiques pourraient toutefois être tamponnées par des conditions stationnelles et micro-climatiques qui ne sont pas ou mal prises en compte à travers ces travaux de modélisation. La résistance de la flore pourrait donc être sous-estimée ici, sous condition de la préservation de ces paramètres locaux favorables.
Après une phase de test de différents protocoles, la ponte de l’azuré des mouillères, ainsi que la floraison de la gentiane des marais (plante hôte de ce papillon) ont été suivies de 2018 à 2021 sur 4 sites.
Les résultats montrent des phénologies variables selon les sites et les années, tant pour la ponte du papillon que la floraison de sa plante-hôte. On peut toutefois noter que les débuts de la ponte et du bourgeonnement semblent plus précoces sur les sites aux conditions plus humides et plus fraiches, soit plus au nord ou plus en altitude.
Estimation des périodes de pontes de l’azuré des mouillères et du début du bourgeonnement de la gentiane des marais
En comparant les phénologies des deux espèces, On observe, sur les 2 sites girondins, une émergence du papillon simultanée ou postérieure au début de bourgeonnement témoignant d’une bonne synchronie. En revanche, sur les 2 sites pyrénéens, cette synchronie semble moins bonne puisque le papillon émerge souvent avant le début de bourgeonnement de sa plante hôte.
Concernant la durée de vol du papillon, elle semble suivre la même tendance sur l’ensemble des sites : elle a été allongée d’une à quelques semaines lors de ces deux dernières années. Cette augmentation de la période d’activité, en plus du décalage des phénologies, pourrait également être une réponse aux changements climatiques dans le futur.
L’impact du changement climatique sur la phénologie de nombreuses espèces est désormais bien connu, mais son interprétation reste souvent difficile et de nombreux biais subsistent dans les méthodes utilisées pour mesurer les décalages phénologiques, comme c’est le cas ici. Par ailleurs, en sus de de l’asynchronie avec sa plante hôte, de nombreux facteurs peuvent influer sur la dynamique des populations de l’Azuré des mouillères. Leur prise en compte nécessiterait un alourdissement du protocole qui nécessite déjà un temps d’investigation sur le terrain très important. En conséquence, l’étude de la synchronie phénologique des deux espèces serait à privilégier et des ajustements de protocoles seraient donc à effectuer en ce sens afin d’axer le protocole sur cette unique problématique et de le simplifier.
La collaboration de Cistude Nature et du CNRS de Chizé au sein des sentinelles du climat, mais aussi avec le CNRS de Moulis qui travaille depuis des années sur le lézard vivipare, a permis de dégager des premières tendances sur l’histoire de vie du lézard vivipare et sur les fragilités actuelles de cette espèce dans le massif landais, face au changement climatique.
Voici un résumé de ces résultats en vidéo avec Olivier Lourdais, chercheur au CNRS de Chizé :
Les suivis de terrain du lézard vivipare dans le Massif landais ont donc permis de dégager des tendances sur les effets d’une évolution du climat sur cette espèce. En effet, le comportement des individus est lié aux conditions météorologiques.
Ceci est mis en évidence en réalisant des comparaisons entre les différentes années présentant des conditions différentes. Sur le graphique ci-contre, on observe que le nombre d’individus observés est plus important en 2018 et en 2020, caractérisées par une pluviométrie hivernale et printanière plus importante que les autres.
Par ailleurs, les conditions thermiques lors des visites de terrain ont une influence déterminante sur les comptages d’individus : le nombre de contacts de lézard vivipare est plus élevé quand la température ambiante est basse et l’hygrométrie élevée.
A l’inverse, le lézard des murailles est plus fréquemment observé quand les températures sont plus élevées.
Ces éléments sont confortés par les études expérimentales réalisées en laboratoire. Le lézard vivipare a des pertes hydriques plus importantes que le lézard des murailles. Il est donc plus sensible face aux fortes chaleurs ou aux conditions desséchantes et aura tendance à se cacher (et ne plus être observable).
Le stress thermique et hydrique a des conséquences physiologiques.
Pour la forme vivipare, elles se manifestent par exemple au moment de la gestion, entrainant des pertes musculaires chez les femelles et des gains de masse plus faibles.
Une autre analyse a été réalisée à partir des gradients thermiques existants sur l’aire de répartition du lézard vivipare (forme ovipare), de la plaine à la montagne. Les individus ont une masse et une taille plus importantes quand la pluviométrie est plus forte et les températures plus basses.
En conclusion, en plaine où les températures sont élevées et le climat plus sec, la disponibilité de microhabitats humides est indispensable. Elle permet aux individus de trouver des refuges leurs permettant de maintien de la balance hydrique, le succès de la reproduction et, en définitive, assure la résilience des populations.
Il s’agit d’une action prioritaire pour tamponner les effets du changement climatique sur cette espèce qui pourrait, si rien n’est fait, disparaître des Landes de Gascogne. En plus de travailler à l’atténuation des effets des sécheresses et des canicules à l’échelle des lagunes (par une réflexion concertée sur les usages aux alentours de ces zones humides uniques), la structure des microhabitats au sein de ces lagunes est capital pour permettre aux espèces d’ajuster leurs comportements de thermo et hydrorégulation.
Les deux espèces de rainettes (rainette ibérique et rainette méridionale) présentes dans le Massif landais sont suivies grâce à l’écoute des chants des mâles au moment de la reproduction.
En comparant les suivis réalisés chaque année, des tendances sur les préférences thermiques et hydriques de ces espèces se dégagent, et permettent d’envisager les conséquences du changement climatique pour ces espèces.
Les conditions météorologiques ont une forte influence sur l’activité des rainettes ibériques. Le nombre de mâles chanteurs est plus importants les années les plus pluvieuses et fraiches (2018 et 2020).
Par ailleurs, le nombre de mâles chanteurs est plus important quand l’hygrométrie ambiante est forte, et donc l’air moins desséchant).
Cette relation n’existe pas pour la rainette méridionale dont l’activité est moins dépendante des conditions d’humidité de l’air.
Ceci est confirmé par les expérimentations en laboratoire : les pertes hydriques cutanées de la rainette méridionale sont très inférieures à celles de la rainette ibérique. Ces différences révèlent des adaptations contrastées et des tolérances à l’évaporation différentes entre les espèces. En conditions sèches, l’état physiologique et la balance hydrique de la rainette ibérique peuvent être compromis.
D’autres expérimentations mettent en évidence des comportements d’adaptation de la rainette ibérique : des ajustements posturaux lui permettent de limiter ses pertes hydriques et de résister aux conditions desséchantes. Pour ce faire, elle plaque contre un support et évite ainsi des déperditions hydriques par sa face ventrale.
En conclusion, le maintien au sein des lagunes de microhabitats de bonne qualité a donc une importance essentielle pour permettre à cette espèce d’ajuster son comportement en fonction des conditions météorologiques.
Il est en même temps nécessaire, pour atténuer les effets du changement climatique, de préserver les lagunes, seuls refuges frais et humides dans un contexte chaud, en agissant pour le maintien du niveau des nappes par exemple, soit d’un niveau d’eau suffisant pour freiner l’assèchement des zones humides accentué par le drainage.
L’apollon, papillon emblématique des montagnes, a été suivi pendant 5 ans, de 2017 et 2021. Voici les premières tendances issues de ce suivi.
Bien que ses populations fluctuent en fonction des années selon les conditions météorologiques annuelles, une baisse régulière des effectifs est observée.
Il en est de même pour les autres papillons exclusivement montagnards, comme les différentes espèces de moirés, le cuivré de la verge d’or ou le semi-apollon.
Ces observations sont corrélées aux températures maximales observées en fonction des années : quand elles sont élevées, l’abondance des apollons est faible. Inversement, de faibles températures sont corrélées à des abondances plus importantes.
En parallèle de la baisse des effectifs des papillons montagnards, apollon compris, on constate une tendance à l’augmentation du nombre d’individus des espèces de plaine. C’est le cas, par exemple, du demi-deuil.
La modélisation corrélative entre les données de présence actuelle et les données climatiques des scénarios du GIEC envisage une réduction très importante des zones dont les conditions climatiques seraient favorables à l’avenir pour ce papillon. Le paramètre climatique qui expliquerait le plus cette forte diminution est le nombre de jours de neige, en diminution dans les scénarios du GIEC.
Si le changement climatique semble influer sur la composition des cortèges de papillons, une autre pression humaine peut aussi impacter ces peuplements. La diversité et la composition floristique des estives se modifient avec l’évolution des pratiques pastorales. Les papillons étant très dépendants de la ressource floristique et souvent très spécialisés, la structuration de leur milieu de vie est une donnée fondamentale de leur présence. Sa modification peut influer sur leur maintien ou permettre à de nouvelles espèces de trouver les ressources qui leurs sont nécessaires.
Dans ce contexte, pour atténuer les effets du changement climatique, il paraît nécessaire de communiquer avec les acteurs locaux du territoire. L’activité agropastorale est indispensable au maintien des estives. Elles ne jouent ce rôle que si les pratiques sont respectueuses du fonctionnement de cet écosystème. Les communes, le Parc National des Pyrénées, etc. sont aussi parties prenantes de cette concertation nécessaire.
Une population de lézard de Bonnal a fait l’objet d’un suivi en 2011 sur le site d’Arrious.
En 2016, le programme les sentinelles du climat reprend le suivi de cette population : le même transect est parcouru tous les ans (voir le protocole de suivi).
Ce pas de temps permet de mettre en évidence deux observations liées aux changement climatiques :
– l’aire de répartition du lézard de Bonnal est stationnaire sur le site d’Arrious (et sur les autres sites suivis),
– l’aire de répartition du lézard des murailles s’étend vers de plus hautes altitudes. Il a remonté de 120 m en 10 ans.
Pour plus d’explication, regardez cette vidéo
Ces résultats soulèvent 2 questions :
– La remontée en altitude du lézard des murailles entrainera-t-elle une compétition avec le lézard de Bonnal ?
– Le maintien de l’aire de répartition du lézard de Bonnal, où les conditions climatiques se modifient, peut-il avoir un impact sur l’état physiologique et sanitaire du cette espèce ?
En parallèle de ces suivis, des modèles biomimétiques ont été déployés sur certains sites. Ils ont pour but de modéliser le temps d’activité du lézard de Bonnal et son évolution selon la trajectoire de réchauffement climatique.
La modélisation issue de l’enregistrement de l’approximation des températures corporelles d’un lézard sous abri et en situation d’insolation, dans différents contextes permet de montrer que le temps d’activité diminue quand :
– l’amplitude thermique jour/nuit est importante (journées plus chaudes, nuits fraiches)
– les journées sont chaudes et sèches.
Ces conditions deviendront plus fréquentes avec le changement climatiques. Ceci pourrait avoir un effet négatif sur la reproduction de l’espèce.
Cette espèce endémique, dont la conservation est un enjeu fort pour la Nouvelle-Aquitaine (seule région où l’espèce est présente en France), est suivie tous les ans depuis 2012. Les têtards présents dans les vasques des torrents sont comptés dans les quelques ruisseaux où l’espèce est présente.
Les résultats de ces suivis montrent les tendances suivantes :
Il est possible, mais les résultats des suivis ne permettent pas l’affirmer, que le changement climatique soit un facteur supplémentaire de pression pour cette espèce (enneigement moins important – donc moins d’eau au moment de la reproduction – mais crues printanières plus violentes – entrainant le lessivage des têtards vers l’aval).
Des études expérimentales in situ ont permis de définir certains paramètres écophysiologiques de la grenouille des Pyrénées, permettant de mieux appréhender les effets du changement climatique sur l’espèce :
Au final, la situation de cette espèce endémique semble particulièrement critique en Nouvelle-Aquitaine. Car, outre le changement climatique, de nombreuses menaces pèsent déjà sur cette espèce. Il conviendrait de mettre en place rapidement des mesures de conservation pour pérenniser la présence de l’espèce sur notre territoire.
Pour estimer l’impact du changement climatique, le succès reproducteur de quelques familles de marmottes est suivi depuis 2016. Il s’agit d’observer le nombre de marmottons présents à la sortie de l’hibernation.
On observe globalement de grandes variations du nombre de marmottons et d’adultes dans les familles suivies selon les années et les sites .
Si l’on analyse les données par tranche d’altitude (basse, moyenne et haute altitude), on observe les tendances suivantes :
Il reste, à ce stade, difficile d’analyser les causes de ces observations car les paramètres intervenant dans le succès reproducteur de ce mammifère sont nombreux et difficiles à discriminer. Ils sont à la fois liés au climat, à la météorologie, à l’éthologie de ces animaux, à des éléments extérieurs comme le dérangement.
Soumises à des contraintes fortes (sables mobiles, embruns, forte insolation, etc), les dunes constituent un milieu en perpétuelle évolution, zone tampon entre terre et océan. Malgré tout, une organisation des cortèges floristique se dégage, du haut de la plage à la lisère forestière.
Ce milieu et les espèces, souvent endémiques, qu’il abrite, sont fragiles. La récurrence des aléas climatiques extrêmes et une érosion accrue pourraient déstabiliser voire modifier le système dunaire.
La flore et les habitats dunaires sont suivis depuis 1997, le long de transects allant du haut de plage à la lisière forestière, positionnés tous les 2 km. Les relevés ont lieu tous les 6 ans.
Depuis 25 ans, la surface globale de l’écosystème dunaire (non boisé) semble s’être drastiquement réduite (-45 %). Le nombre de placettes de dunes grises, notamment, a fortement diminué (- 55 %), de même que celui de dunes mobiles et semi-fixées (- 46 %).
Cette diminution massive est en grande partie due à l’avancée de la frange forestière à l’ouest, et à l’érosion marine et à l’ensablement à l’est. Ce constat est corroboré par l’observation de la diminution de l’occurrence de la majorité des espèces dunaires au fil des années.
De plus, il s’opère au cours du temps une relative déstructuration des différents habitats dunaires. Ce processus est décelable à travers une délimitation moins franche des habitats adjacents : ils s’interpénètrent. Par exemple, de plus en plus d’espèces de la dune embryonnaire sont présentes en dune mobile, des espèces de la dune mobile se retrouvant aussi plus nombreuses en dune grise.
On remarque par ailleurs que le nombre d’observations d’espèces adaptées à une instabilité du substrat et présentant une bonne résilience à l’accumulation sableuse augmente.
A terme, il pourrait y avoir un risque d’homogénéisation et de banalisation des cortèges, avec seulement les espèces les plus tolérantes à ces contraintes, que le changement climatique pourrait accentuer via une augmentation des évènements extrêmes tels que les tempêtes.
En parallèle, les végétations des dunes mobiles et grises s’eutrophisent. Ceci peut être dû à l’augmentation des dépôts d’azote atmosphérique, qui, conjuguée à l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, conduirait à l’augmentation de la biomasse végétale. Cette relative densification du couvert végétal pourrait faciliter la fixation du sable et contrebalancer les effets d’ensablement et d’érosion, tout en sachant que la progression du pin maritime pourrait aussi être une réponse à ces phénomènes.
Enfin, il faut relever que les résultats pour 2009 sont significativement différents des autres années, voire inverse à la tendance générale entre 1997 et 2021.
Le lien avec les effets de la tempête Klaus de janvier 2009 semble assez évident : les perturbations du substrat (érosion, accumulation) auraient engendré une moindre densité du couvert végétal, une oligotrophisation et une diminution du nombre d’observations des espèces et des habitats sur plusieurs transects. Il est aussi intéressant de noter l’assez bonne résilience des végétations avec un retour proche à l’état de 2003 dès 2015, malgré la survenue de plusieurs tempêtes durant l’hiver 2013-2014. De même, les effets des tempêtes de l’hiver 2019-2020 apparaissent peu décelables.
Si la résilience de la composition des cortèges floristiques, suite à ces épisodes extrêmes, peut être relativement rassurante, il n’en demeure pas moins qu’ils ont un impact fort en termes de surface avec des pertes a priori conséquentes.
En résumé :
Les suivis des communautés végétales des pelouses sèches permettent d’analyser les données en comparant les communautés sur un pas de temps de 6 ans environ. Cette durée ne permet pas de définir de manière robuste l’évolution des cortèges liée au changement climatique, mais elle permet d’observer des tendances et d’affiner les hypothèses sur les changements à venir.
Ces résultats sont à lire en gardant en tête qu’il existe une certaine variabilité des cortèges liées aux conditions météorologiques propres à chaque cycle saisonnier.
Les suivis permettent de mettre en évidence des prémices d’une méditerranéisation des cortèges. Le nombre d’espèces méditerranéennes observées est en hausse. Cela semble par ailleurs associé à un meilleur développement de plusieurs de ces espèces où elles étaient déjà notées.
Les espèces méditerranéennes sont donc plus abondantes (plus de pieds de chaque espèce) et plus largement réparties (dispersion des espèces dans l’espace).
En parallèle, une dynamique de fermeture du milieu s’observe. Il s’agit d’un processus naturel dans les milieux ouverts, en l’absence de gestion. Il y a plus d’espèces tolérantes à l’ombrage. Dans les pelouses, il s’agit davantage d’un processus d’ourlification (soit le développement d’espèces herbacées vivaces) que d’embroussaillement (pousse d’arbustes et arbres). Ce type de plantes nécessitent par ailleurs une richesse des sols en nutriments plus importante que les plantes typiques des pelouses sèches : le sol s’enrichit et se transforme.
L’évolution de la flore des pelouses calcicoles est dépendante de plusieurs processus en interaction :
=> ces 2 paramètres vont définir le niveau de substitution des cortèges lié au changement climatique et principalement aux modifications des conditions de température et d’humidité.
=> ce phénomène engendrera également une substitution de cortèges propre à la succession végétale (avec le développement des arbustes et arbres).
Quelle sera le résultat de l’interaction entre ces processus ?
En 5 vidéos, nous vous présentons les problématiques communes aux espèces sentinelles qui se dégagent, milieu par milieu, face au changement climatique.
C’est cette compréhension globale qui permet d’envisager de travailler à la résistance de ces milieux et de toute la biodiversité qui les constituent.